« Méditer au travail ? Moi, madame, on me paie pour travailler pas pour relaxer! J’ai des objectifs à atteindre et des comptes à rendre! »… Et si méditer était une solution pour atteindre tous nos objectifs tant personnels que professionnels tout en permettant à l’organisation d’atteindre les siens?
Regardons les faits, notre situation économique n’a jamais été aussi précaire. Les économistes s’entendent tous pour dire que le Québec a un urgent besoin d’accroître sa productivité afin d’être plus compétitif au niveau mondial.
Les chiffres sont alarmants, les coûts de la non-santé représentent 11% du PIB national (1) Pour un employeur cela représente de 17% à 30% de sa masse salariale, lorsque l’on tient compte des coûts directs et indirects. Nous savons également que 50% des invalidités de longue durée sont occasionnées par des problèmes de santé psychologique (2) De plus, selon un récent sondage de l’Institut Robert Sauvé en Santé et Sécurité au Travail (IRSST), 75% des employeurs au Canada estiment que les problèmes de santé psychologique sont la principale cause des demandes d’indemnisation pour invalidité à court et à long terme. Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la maladie dépressive à elle seule constituera, en 2020, la principale cause d’invalidité dans le monde, après les maladies cardiovasculaires.(3)
Bref, les problèmes de santé mentale entraînent une baisse de productivité, des coûts directs en soins de santé et une réduction de la qualité de vie représentant des pertes de plus de 51 milliards de dollars par année pour l’économie canadienne. (5)
Outre les problèmes de santé mentale, le stress chronique peut aussi faire basculer le corps vers la pathologie. Ainsi peuvent apparaître des dommages cardiovasculaires, musculosquelettiques, de l’hypertension artérielle, un affaiblissement immunitaire ou des ulcérations gastriques, autant de signes indiquant que le corps n’a plus la capacité de s’adapter. On évalue qu’en termes de mortalité, le stress est un facteur de risque plus important que le tabac (4) Comment faire pour stopper ce mal-être personnel et collectif?
Nous savons désormais que les activités réalisées dans le cadre d’un programme de promotion de la santé globale sont rentables et que chaque dollar investi pourrait rapporter jusqu’à cinq dollars, puisqu’il en résulterait une baisse de l’absentéisme, des cotisations à la CSST, des primes d’assurance collective et du taux de roulement. (8)
De l’autre côté, les employeurs sont assaillis de sollicitations pour des programmes de santé en entreprise : nutrition, tabagisme, activité physique, gestion du stress… Par où commencer? Tous ces programmes sont nécessaires et efficaces, mais la gestion du stress demeure une priorité.
Méditer pour gérer son stress
La « méditation consciente avec le cœur », c’est apprendre à observer et à créer un espace avec nos pensées et émotions afin de permettre à tout notre corps d’entrer en cohérence dans le but de lui permettre une meilleure gestion de ses énergies. Certes, elle induit le calme intérieur mais ce n’est surtout pas une méthode de relaxation. C’est une méthode d’ACTION qui se pratique dans toutes les situations de la vie courante. Introduire la méditation dans notre quotidien, c’est un peu comme une discipline sportive à intégrer mais en plus simple. Elle n’exige pas que l’on s’isole du monde, ne fait appel à aucun dogme ou mysticisme. Enfin, elle est accessible à tous et peu coûteuse. Comme le mentionne docteur Robert Béliveau : « C’est une approche qui a fait ses preuves et qui est utilisée depuis plus de 2500 ans par les orientaux. Jamais une pilule ne durera aussi longtemps! » (7)
Bénéfices
La « méditation consciente avec le cœur » permet au corps de s’harmoniser et de s’équilibrer. Elle facilite la coopération entre les cerveaux cognitif et émotionnel, calme le système nerveux autonome, induit la cohérence cardiaque et augmente la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC).(6) Que l’on soit adepte ou tout simplement novice, en très peu de temps elle favorise le bien-être, tant émotionnel et que corporel de l’individu, augmente sa satisfaction au travail, tout en lui permettant d’être plus efficient et présent à ses tâches. Dans l’entreprise, on observe une diminution des taux d’absentéisme et de roulement, une augmentation de la qualité du travail se traduisant par une augmentation du rendement et des profits. (4)
Voici quelques résultats d’études menées en entreprises sur les effets de la cohérence cardiaque(4)
Symptôme physiologique | % Avant | % Après 6 semaines | % Après 3 mois |
Palpitations | 47 | 30 | 25 |
Tensions dans le corps | 41 | 15 | 6 |
Insomnie | 34 |
| 6 |
Sentiment d’épuisement | 50 |
| 12 |
Douleurs diverses et maux de dos | 30 |
| 6 |
Symptôme psychologique | % Avant | % Après 6 semaines | % Après 3 mois |
Anxiété | 33 |
| 5 |
Mécontentement | 30 |
| 9 |
Colère | 20 |
| 8 |
De plus, au Royaume-Uni, 6 mois après une formation, les cadres notent avoir l’esprit plus clair, mieux s’écouter, tenir des réunions plus productives. À Chicago, après la formation à des infirmières on a pu constater une nette augmentation du niveau de leur satisfaction au travail, des patients plus satisfaits des soins et une chute du taux de départ de 20% à 4% (4)
Conclusion
De nos jours, les individus savent mieux se servir d’un ordinateur et de Windows que comment fonctionne leur corps et leur système émotionnel. Puisque nous n’avons que très peu de contrôle sur notre environnement, pourquoi ne pas apprendre à maîtriser notre intérieur afin de juguler le chaos physiologique et psychologique. Favoriser le fonctionnement du cœur et optimiser la cohérence entre la tête, le cœur et tout le corps améliorent notre vie, le rapport aux autres, la concentration, la performance et les résultats.
Des chiffres, des évidences… Lorsque les solutions mises en place ne donnent pas les résultats escomptés, il est nécessaire d’essayer autre chose. Quand les entreprises vont-elles comprendre qu’investir dans la gestion du stress est une nécessité? Et que malgré les polémiques actuelles, l’heure est à la prévention et à l’action? Il existe des solutions qui ont fait leur preuve, alors pourquoi continuer à fermer les yeux?
Il apparaît clair que des programmes de formation et de coaching sur la gestion du stress par la méditation sont nécessaires. Ils sont bien plus qu’un simple outil de croissance personnelle. Et si quelques minutes par jour permettaient à tous de se sentir mieux, aux entreprises de stopper l’escalade des coûts d’absentéisme et au Québec d’enfin augmenter son taux de productivité?
www.ethiqueparlecoeur.com
Lucie Poitras inf., B. Sc., CRHA
Clément Courtois
Associés
L’Éthique par le Cœur
Référence :
1. BERTRAND, ROGER, Colloque la santé des employés, avril 2009
2. PELLETIER, MARIE-CLAUDE, Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, GP2S, 5 avril 2010
3. Organisation Mondiale de la Santé
4. SERVAN-SCHREIBER, DAVID, Guérir, Éditions Robert Lafont, 2003
6. CHILDRE, DOC ET MARTIN, HOWARD, L’intelligence intuitive du cœur, Ariane Edition Inc., avril 2005
8. THIVIERGE, CLAIRE, Investir dans la santé au travail, c’est rentable, Prévention au travail, Été 2010-Volume 23, no3